"Et si l’intelligence artificielle sauvait la planète ?” lance The New European, en une de son édition du 1er juin 2023. Sous la plume du philosophe Henry Shevlin, l’hebdomadaire britannique assume de prendre le “contre-pied” des discours “techno-déterministes qui voient la machine prendre le pouvoir sur l’humanité”.
La nouvelle vague d’IA, symbolisée par le déploiement de ChatGPT, “constitue sans doute l’avancée la plus radicale du XXIe siècle” et “un événement majeur dans l’évolution de notre espèce”, assure ce spécialiste de l’éthique en technologie. Mais loin des scénarios “à la Black Mirror”, ce bond en avant constitue une chance, à condition de prendre le sujet à bras-le-corps “plutôt que de le subir”.
Avec les bons garde-fous, les machines peuvent “contribuer à rendre le monde meilleur”, estime ce professeur rattaché à l’université de Cambridge. Dans la santé, en premier lieu, un domaine miné par les pénuries de personnel et la hausse des coûts, “deux problèmes amenés à se renforcer à mesure que la population des économies développées vieillit”. L’exploitation des données biométriques contenues dans les smartphones et les objets connectés pourrait ainsi permettre de détecter plus vite les cancers et de résoudre plus efficacement les maladies infectieuses.
L’éducation, aussi, serait en première ligne :
“L’IA aura des conséquences formidables pour rendre l’instruction plus accessible et plus équitable.”
Mais pas seulement, insiste le philosophe. “Certains outils, comme Math GPT, permettent de s’approcher des conditions des cours particuliers, qu’on sait bénéfiques pour les élèves.”
Certes, concède Shevlin, chaque utilisation de l’IA mérite d’être soumise à un débat éclairé, afin d’évaluer les risques et les bénéfices. “Charge désormais aux artistes, aux écrivains et aux chercheurs d’alimenter l’imagination collective avec une vision positive de l’avenir, conclut-il. Les récits dystopiques ne manquent pas, mais à mon sens la question la plus importante est : ‘Et si on faisait de l’IA quelque chose de bien ?’”